Comment vivrons-nous ensemble demain dans nos villes ? La question était au cœur du grand débat initié par Nantes Métropole auquel la Ville a aussi pris part. En juillet, elle a remis son cahier d’acteur : « Rezé : une ville-nature accueillante ». Extraits.
Face aux impératifs écologiques, aux mutations économiques et aux urgences sociales, nous devons repenser notre manière de vivre nos villes, d’y travailler, de consommer, de produire, d’habiter, de nous déplacer. C’est pourquoi la Métropole a ouvert du 6 mars au 9 juillet un grand débat « Fabrique de nos villes. Ensemble, inventons la vie de demain ». Au total, 30 000 participants y ont pris part de différentes façons : en ligne sur la plateforme web dédiée, lors d’ateliers, d’auditions, de balades ou via un cahier d’acteur. C’est ce qu’a fait la municipalité afin de partager son ambition pour Rezé demain : « une ville-nature accueillante ». En voici les grandes lignes.
QUELLE AMBITION POUR REZÉ?
Seconde ville la plus dense de la métropole, Rezé est aussi la ville qui y concentre le plus fort taux d’îlots de chaleur (source : Auran, 2019). L’enjeu : faire de Rezé une « ville-nature » du 21e siècle ancrée dans son histoire, accueillante et engagée dans la transition écologique.
COMMENT LA VILLE PEUT-ELLE ÊTRE « NATURE, ACCUEILLANTE ET ENGAGÉE DANS LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE » ?
Selon les élus rezéens, il s’agit d’adapter la ville au réchauffement climatique tout en ne laissant personne au bord du chemin. Les villes doivent se renouveler sur elles-mêmes afin de garantir à toutes et tous le droit de se loger, en accompagnant toutes les personnes, celles qui vivent dans des logements temporaires comme celles qui souhaitent vivre dans des tiny houses (minimaisons mobiles), en habitat participatif, ou encore celles qui désirent changer d’habitat car leur logement est devenu trop grand. Sans compter que tout doit être mis en œuvre pour limiter les impacts carbone.
LA VILLE PEUT-ELLE ENCORE SE DENSIFIER ? ET SI OUI, COMMENT ?
Dans sa vision de « ville-nature », la municipalité considère que la ville peut accueillir une densification urbaine maîtrisée pour répondre aux enjeux de transitions sociale et écologique, et limiter les impacts sur les ressources. Mais, cela ne peut s’envisager que sous plusieurs conditions.
En premier lieu, les élus rezéens émettent des réserves sur les dynamiques de métropolisation et de mise en concurrence des territoires visant à concentrer toujours plus les activités. La municipalité plaide pour le déploiement d’une alliance des territoires et une meilleure répartition des hommes et des activités.
Deuxièmement, les villes peuvent se densifier mais à condition qu’elles préservent une qualité de vie. La « ville du quart d’heure » dans laquelle on peut se déplacer facilement, à pied, à vélo, en transport en commun, pour aller à la boulangerie, à l’école, tout en croisant ses voisins est un modèle à préserver. À Rezé, la présence de sept quartiers avec des « cœurs » où l’on trouve différents services est une vraie chance.
Troisièmement, on n’habite plus – et on ne peut plus habiter – la ville aujourd’hui comme on l’habitait hier. Les modes de vie changent. Par exemple, la décohabitation ne cesse d’augmenter : les personnes qui vivent dans un même foyer se séparent, à la suite d’une rupture, d’une mutation professionnelle, au départ des enfants… La moitié des demandes de nouveaux logements en est la conséquence. En même temps, le fait de construire des bâtiments et d’artificialiser le sol pour des parkings a des impacts écologiques dans une ville qui sera de plus en plus chaude.
Les élus rezéens estiment qu’il est indispensable de mettre au débat la taille des logements, la mutualisation des espaces intérieurs et extérieurs, ainsi que les places de parking.
S’ENGAGER AUSSI DANS UNE QUALITÉ VÉGÉTALE
Oui , une densification maîtrisée de la ville est possible, si l’on a une approche de ville-nature. En d’autres termes, elle ne peut s’envisager qu’avec une densification des espaces végétalisés. Il s’agit de préserver l’habitabilité de la ville.
Ville et nature pensées ensemble, en mettant le « vivant » au cœur de l’aménagement urbain. Reliefs et sols, eau, climat, faune et flore , etc. sont insuffisamment pris en compte dans les documents réglementaires.
Tout comme la finitude des ressources ou encore les impératifs liés au changement climatique. La municipalité rezéenne plaide pour prendre en compte ces éléments dans l’aménagement de la ville, et les imposer aux porteurs de projets immobiliers. Elle passe même de l’idée à la réalité puisque c’est le fondement du protocole paysager urbain et environnemental que les élus ont voté en conseil municipal en 2020.
La Ville de Rezé expérimente aussi, avec un groupe de chercheurs acousticiens de l’université Gustave Eiffel, un travail sur la qualité sonore de la ville. Car une ville-nature, c’est la prise en compte du sol, du sous-sol, de l’air, des sons, de l’eau, du végétal, de la faune, de l’homme…
Ce sont les conditions requises pour que la ville soit vivable, avec ses espaces de rafraîchissement et de ressourcement, qui sont autant de lieux de rencontres sociales et de convivialité. La création d’un parc doit pouvoir prétendre à un même niveau d’investissement qu’un équipement public. Dans ces conditions, alors, il sera possible de fabriquer la ville-nature de demain qui se conçoit aujourd’hui.
Lire le cahier d’acteur de la Ville de Rezé dans son intégralité.